par Christian Buil

The Solar Explorer  -  18 octobre 2024

Etoiles

Partie 1 : Introduction


Star’Ex est une extension de l’instrument Sol’Ex, conçue pour réaliser des spectres d’astres autres que le Soleil : étoiles, nébuleuses, comètes, galaxies, quasars, etc. Véritable “Star Explorer”, Star’Ex ouvre grand les portes de l’astrophysique amateur et se révèle être un formidable outil de découverte personnelle. Ce spectrographe peut être utilisé aussi bien avec une petite lunette de 60 mm qu’avec un télescope bien plus imposant.


L’esprit reste le même que pour Sol’Ex : vous êtes invité à construire l’instrument vous-même, à comprendre son fonctionnement, à le maîtriser rapidement, à prendre plaisir à l’utiliser, et à partager vos résultats — tout cela pour un coût minimal. Les performances de Star’Ex et de ses déclinaisons rivalisent avec celles d’équipements bien plus onéreux.


Pour transformer un Solar Explorer en Stellar Explorer, il suffit d’imprimer en 3D un petit module de pointage stellaire. Cette réalisation ne demande qu’une journée de travail. Pour le reste, laissez-vous guider par les explications détaillées de cette page et par les nombreuses contributions de la communauté d’utilisateurs passionnés. Star’Ex tient la promesse d’un accès simple et captivant à la spectroscopie astronomique.


Trois versions principales sont disponibles :


    •    Star’Ex HR (Haute Résolution), pour explorer avec finesse les détails du spectre des étoiles,

    •    Star’Ex LR (Basse Résolution), pour analyser la lumière des objets de faible éclat,

    •    une version infrarouge, permettant d’étudier les astres du ciel jusqu’à la longueur d’onde de 1 microns.


Tous les éléments optiques sont disponibles sous forme de kits, mais comme pour Sol’Ex, vous prouvez vous procurer les composants indépendamment et aussi imprimer en 3D la mécanique.


Cette section du site vous guide pas à pas dans la fabrication du module de pointage, son réglage, et vos premiers pas avec Star’Ex. Mais l’expérience ne s’arrête pas là : le traitement et l’interprétation des spectres constituent une partie essentielle de l’aventure. Plusieurs logiciels puissants et accessibles sont à votre disposition, comme VisualSpec, ISIS, mais nous mettons tout particulièrement l’accent sur specINTI, le plus récent de tous et écrit dans la lignée de INTI, le logiciel traitant les donnée Sol’Ex.


Si la spectroscopie vous intrigue, vous ne regretterez pas ce voyage : il s’annonce riche, accessible et passionnant !





Partie 2 : Composition


Vous pouvez vous procurer les kits optiques de Star’Ex HR, Star’Ex LR et Star’Ex Infrarouge auprès de Shelyak Instruments.


L’optique de Star’Ex HR est commune à celle de Sol’Ex, à l’exception de la fente, qui est remplacé par un modèle à 4 largeur. La toute dernier version fournie par Shelyak Instruments est le modèle « Star’Ex GEN2 ».  On trouvera une description détaillée de cette fente dans le document suivant : https://buil.astrosurf.com/starex/fente_starex_gen2.pdf.


Le kit Star’Ex LR utilisé le même objectif collimateur que Sol’Ex. La fente est par ailleurs le modèle à 4 positions GEN. Les deux grandes différences sont :


1 - Le remplacement du réseau de 2400 traits/mm par un réseau cède 300 traits/mm donc nettement moins dispersif, mais conférant une luminosité bien supérieur à l’instrument.


2 - L’utilisation d’un objectif de caméra de 80 mm de focale à la place de l’objectif de 125 mm de la version HR. Cet objectif a été spécialement optimisé pour l’application Star’Ex (il forme un ensemble apochromatique en association avec les autres éléments optiques de Star’Ex). Vous ne trouverez pas ce niveau de performance en utilisant des doubles classiques achetés après de fournisseurs de composants optiques tels que ThorLabs ou Edmund Optiques.


La version infrarouge par l’untilsation optimisé (blaze) dans l’infrarouge, à 1 micron de longueur d’onde, et l’usage d’un objectif de caméra calculé pour l’infrarouge. 


La figure ci-après présente la composition instruments Star’Ex HR et LR. On pointera notamment les différences.


Partie 3 : la réalisation du cube de pointage

L’image ci-après présente l’instrument Star’Ex en situation pour observer les étoiles. On identifie le module de guidage/pointage tout à l’entrée, ressemblent à un cube, qui fait le lien entre la lunette (ou le télescope), ainsi qu’une extension, la caméra de guidage/ Sol’Ex en lui-même est inchangé, mais on remarque une caméra d’acquisition dont le détecteur est refroidi pour une meilleure performance sur les objets faibles (recommandé, mais pas obligatoire pour les premières armes).

Star’Ex au complet avec sa caméra de guidages et une caméra d’acquisition des spectres disposant d’un système de refroidissement du capteur.

Le cube de guidage est important car il va vous permettre de viser l’étoile donc on cherche à prendre le spectre et à positionner celle-ci sur une fente aussi étroite que 10 microns au foyer du télescope. Je montre comment on procède dans une vidéo à suivre.


Une poignée de composants optiques est nécessaire pour réaliser le cube de guidage. Ils sont inclus dans le kit de base de Sol’Ex que vous pouvez vous procurer auprès de Shelyak (voir rubrique « Contact ») :


- deux lentilles de 12,7 mm de diamètre et de 50 mm de longueur focale, qui produisent une image de qualité et permanente de la fente de Sol’Ex sur la caméra de guidage.


- un miroir aluminé de 15 mm de côté.


Le schéma optique du système de guidage/pointage est le suivant :

L’image nette du champ d’étoile focalisé sur la fente par le télescope est réfléchie par la fente (sauf à l’endroit même de la fente). C’est la raison pour laquelle a fente de Sol’Ex est incliné à 30° = après réflexion, la lumière est  dirigée de côté sur un petit miroir de renvoi. Ce dernier réfléchit la lumière vers les deux doublets de 50 mm de focale, positionnée tête-bêche, et qui forment une image nette de la fente sur le détecteur de guidage. Ces deux lentilles forment un transporteur d’images, sur le principe que l’on retrouve sur les périscopes, par exemple.


L’assemblage de ces éléments optiques est fort simple, il ne demande aucun réglage.


Côté mécanique, l’image ci-après montre les pièces à réaliser en impression 3D. Elles sont assez peu nombreuses :

Vous pouvez télécharger les fichiers STL correspondants en cliquant sur le lien suivant (archive ZIP) : guidage_kit.


Vous l’avez constaté, le système de guidage inclue une caméra, et aussi un système de mise au point, qui est d’un indéniable confort. On le constate, la réalisation du module de guidage demande tout de même un certain investissement financier, même si dans un premier temps, la caméra de guidage peut être remplacée par un oculaire de guidage (le guidage ce fait alors à l’oeil, à l’ « ancienne » en quelque sorte !).


Un modèle miniature de caméra fait parfaitement l’affaire. Pour ma part j’utile une caméra ASI290MM mini, mais on trouve très facilement les équivalent chez QHY ou ailleurs. Le dispositif de focalisation est le système hélicoïdale dans l’exemple à droite, mais des modèles plus économiques, ou même fabriqués en impression 3D peuvent êtres employés.



Une fois ces pièces imprimées, vous pouvez procéder au montage.


Il y a 7 inserts RUHEX M3 à monter dans les pièces, 3 dans la pièce « tube guide #3 », et 4 dans la pièce « cube guide 1# ». La procédure est décrite en détail à la section « Construction » de Sol’Ex.


Le montage proprement demande de coller le miroir de 15 mm dans le support incliné #2. Il s’agit de la seule partie qui demande un peu d’attention. Le montage des lentilles revient à un simple empilage en prenant garde au sens de montage :

Les photographies suivantes montrent l’aspect du tube de guidage qui intègre les deux lentilles. 

Les étapes sont présentées en détail dans la vidéo suivante (cliquez sur l’image) :


Partie 4 : le réglage de la caméra de guidage

Avant de vous diriger vers la lunette ou le télescope, une bonne idée est de régler de jour et sur table la caméras de guidage/pointage. Le but est de réaliser la netteté de l’image de la fente sur le détecteur et d’orienter correctement celle-ci. Par rapport à l’imagerie du Soleil avec Sol’Ex, avec Star’Ex la performance en termes de vitesse de lecture du capteur n’étant pas une préoccupation, la fente est orienté verticalement pour bénéficier de la largeur maximale du capteur suivant l’axe spectral et ainsi couvrir un domaine spectral élargi.


La vidéo suivante explique comment réaliser ce réglage.





Partie 5 : les premières observations avec Star’Ex

Je propose de vous mettre dans la situation d’utiliser Sol’Ex dans une configuration aussi voisine que possible de celle du kit Sol’Ex : une fente de 10 microns, un réseau de 2400 traits/mm et les objectifs collimateur et camera de 80 mm et 125 mm respectivement. De même, pour la caméra, on sélectionne une ASI178MM (ou équivalent), courante en observation solaire, mais ne disposant pas d’un système de refroidissement du capteur. Ce dernier point est potentiellement critique lorsqu’il faut capter le spectre des étoiles, des objets faibles qui nécessitent parfois des expositions de plusieurs dizaines de minutes. Ici on est loin des possibilités d’une caméra avec système de refroidissement : le temps de pose maximal est au plus de  qui ne permet des expositions de 3 à 5 minutes au maximum, avec à la clef un bruit thermique très fort. C’est pourtant de cette manière que je vous suggère faire vos premières armes  en spectrographie stellaire, si vous êtes dans cette situation. Il y a au bout de ce chemin de bonnes surprises et un Univers qui s’ouvre. Vous pouvez visionner le film suivant, consacré à la spectrographie observationnelle avec Star’Ex pour en savoir plus.


Cette vidéo explique comment faire ces premiers spectres avec un appareil photo numérique, comment positionner une étoile sur la fente, comment étalonner les observations…







Comme indiqué plus haut, l’usage d’une caméra équipée d’un système de refroidissement du capteur va permettre d’observer des astres d’éclats bien plus faible que celui de Vega./ Parmi les autres options qui permettent d’aller dans cette direction le choix du réseau (densité de gravure) ainsi que la largeur de la fente (qui augmente en proportion du diamètre du télescope).


Voici par exemple le spectre de l’étoile symbiotique CH Cyg observée avec la configuration de la vidéo (très haute résolution spectrale), à ceci près que l’on utilise une caméra refroidie (ASI183MM), ce qui change beaucoup de choses :




Détail de la raie H-alpha à très haute résolution (R=40000) dans le spectre de l’étoile CH Cyg (magnitude proche de 5), réaliser avec une lunette de 65 mm de diamètre seulement.

Le spectre suivant, de l’étoile P Cyg (34 Cyg), toujours pris avec une lunette de 65 mm de diamètre, est remarquable dans le sens où il permet de détailler le coeur de l’aile bleu de la raie H-alpha, peut être une première en astronomie amateur, qui démontre le potentiel de Star’Ex, qui est aussi un instrument de recherche qui se hisse à la hauteur d’instrument bien plus couteux :




Utilisation de configuration solaire Sol’Ex (fente de 10 microns, réseau de 2400 t/mm, objectif de caméra de 125 mm, petite lunette lunette) employée pour détailler de raies H-alpha de l’étoile RS Oph lors du outburst de 2021 - une observation rendu possible par l’emploie d’une caméra refroidi de milieu de gamme (ASI183MM)  :


Quelques unes des options utilisables avec Star’Ex sont décrites à la suite.

Partie 6 : les options

Partie 6.1 : exploitation d’une fente Lhires III


Concevoir un spectrographe comme Star’Ex est une question de compromis. Dans la partie 3 (voir la vidéo) j’ai montré que cet instrument pouvait observer les étoiles avec une fente de 10 microns de large seulement. La performance en résolution spectrale est alors remarquable  (proche de R=40 000). Mais cependant à une condition : que la lunette soit de courte focale (et de petit diamètre). Dès lors que la distance focale s’approche de 1 mètre, la fente bloque une fraction trop significative des rayons lumineux avant qu’ils ne parviennent sur le détecteur en raison de l’élargissement la tache image induite par la turbulence ou les erreurs de suivi.


C’est ici que le compromis intervient : il faut sacrifier un peu de finesse spectrale pour qu’en compensation, le flux de photons entre dans Star’Ex. La solution est simple : il faut utiliser une fente plus large que 10 microns. On ne peut tout avoir simultanément.


Il est parfaitement possible d’associer à Star’Ex un vaste choix de fente, avec des largeurs qui permettent même de monter notre instrument aussi sur des télescopes pouvant avoir 1 mètre de diamètre ! J’ai pris soin à cela, car mon désir est que le projet Sol’Ex/Star’Ex soit aussi souple d’usage que possible.


Pour ce faire, j’ai choisi d’utiliser le jeu de fentes prévu pour les spectrographes Lhires III et LISA de la société Shelyak. Ces fentes peuvent être commandées auprès de cette dernière entreprise. Elles reposent sur le même principe que la fente de 10 microns en votre possession, avec une photolithographie de haute précision dans une couche de chrome déposée sur une fine lame de verre. Votre travail est d’imprimer une rondelle support spécifique à ces fentes, qui remplace la rondelle actuelle Sol’Ex pour fente de 10 microns. Références des fentes disponibles auprès de Shelyak : SE0116 (recommandée), SE0122, SE0194.

Leș fichiers STL (support fente et deux brides) des pièces permettant d’utiliser les fentes Shelyak Litres III peuvent êtres téléchargées en cliquant sur le lien suivant : fente_kit.


La manière de réaliser le montage et le réglage de ces fentes est expliquée dans la vidéo ci-après.

Faites très attention lorsque vous serrez les deux brides car la fente est un objet en verre fragile. Ces brides ne servent qu’a obtenir un maintien léger. Serrer les 4 vis par petites touches successives pour obtenir une simple pression des brides sur la fente. En aucune manière vous devez serrer fortement, au risque d’aboutir à de la casse :

Partie 6.2 : le télescope et la caméra

Vous pouvez fort bien utiliser Sol’Ex au foyer d’un télescope. Par rapport à une lunette, le gain en magnitude limite sera significatif grâce à la plus grande surface collectrice et une absence de chromatisme. Un télescope Ritchey-Chretien ouvert à f/8 fera par exemple très bien l’affaire. Si vous disposez d’un Schmidt-Cassegrain ouvert à f/10, je recommande de l’utiliser tel quel, sans ajouter de réducteur de focale en raison des défauts optiques que celui-ci introduit, bien perceptibles en spectrographie. 


La situation des Newton ouvert à f/4 ou f/5 (voir la photographie ci-après), est plus complexe. Un Star’Ex LR (« Low Résolution »), en configuration 80x80 et réseau de 300 traits/mm (voir plus loin) accepte un faisceau lumineux en entrée à f/4 et plus fermé. Pas des soucis donc en basse résolution (même si pour une question de qualité image, et si bien sur vous avez le choix, un Newton f/5 est préférable à un Newton f/4).


En revanche le couplage entre un Newton F/4 ou F5 avec un Star’Ex HR (configuration 80x125, objectif de 125 mm, réseau de 2400 t/mm) est nettement plus délicat. Compte tenu de la forte incidence des rayons lumineux sur un réseau de 2400 traits/mm, le vignette interne sans Star’Ex HR devient vite fort. Pas de problème à f/10 ou f/9. En revanche, à f/5 vous allez perdre 50% du flux collecté par le télescope, et jusqu’à 35 à 40% avec un télescope ouvert à f/4, ce qui est assez difficilement acceptable. L’usage d’une lentille de Barlow est obligatoire en haute résolution avec un télescope aussi ouvert. C’est une complication. Notez que l’utilisation d’une lunette ouverte à f/5 avec Star’Ex HR pose le même type de problème. Mais le cas des télescopes est plus problématique en raison de la présence de l’obstruction centrale qui fait une ombre sur le réseau, d’autant plus large que le télescope est ouvert.


D’une manière générale, avec Star’Ex HR, dès lors que l’instrument est plus ouvert que f/6,5, je recommande pour l’observation des étoiles d’ajouter dans le chemin optique une lentille de Barlow qui accroît artificiellement la longueur focale de la lunette ou du télescope. Une Barlow donc le grandissement est de 1,5 à 1,8 est souvent un bon choix. Dans tous les cas de figure, partir d’un télescope ouvert à f/4 est toujours plus difficile que de partir d’un télescope ouvert à f/5 (les spectrographes n’aime pas les faisceau trop ouverts !), mais vous n’avez peut être pas le choix.


La difficulté lorsqu’une lentille de Barlow est ajoutée est l’apparition d’une aberration chromatique, surtout dans la partie bleue du spectre : 

Observation et simulation optique avec un ancien modèle de lentille de Barlow (CLAVE) de grandissement X2 sur un télescope Newton de 250 mm f/4,5. L’étoile observée est Deneb (alpha Cyg). On remarque l’élargissement de la trace 2D du spectre en allant vers l’ultraviolet. En jouant sur la focalisation (50 microns, 150 microns, …) il est possible d’affiner la trace à certaines longueurs d’onde, mais malheureusement au détriment d’autres parties du spectre. C’est un défaut de chromatisme typique.

Le modèle de lentille APM X2.7, qualifié d’ « apochromatique » par le fabricant, réduit cette aberration par l’emploi d’un verre spécial. J’ai pu le constater par une analyse théorique et par l’observation :

Simulation optique d’une lentille de Barlow type APM X2.7 exploitée sur un télescope Newton ouvert à f/4,5. La correction chromatique est très bonne, avec une qualité image uniforme depuis l’ultraviolet jusqu’à l’infrarouge. Un résultat excellent, notamment pour la spectrographie.

Malheureusement, la courte focale de la lentille APM X2,7 rend son usage difficile si on vise un grandissement voisin de 1,6 à 1,8.  On rappelle que le grandissement A d’une Barlow est donné par la formule :


A = 1 - d/f


avec d, la distance de la Barlow au détecteur et f, la distance focale de la Barlow. Dans le cas de la Barlow APN, la focale est f = -60,3 mm et vérifiera sans peine qu’il faut approcher de très près la lentille de la fente pour aboutir au grandissement désiré de X1,6, ce qui génère de nouvelles aberrations optiques (aberration de sphéricité, car le composant n’est pas calculé pour être utilisé de cette manière). Une lentille de focale plus longue sera préférable, comme la Tele Vue 1.8x de focale de f = -133 mm, que j’ai eu l’occasion de tester avec succès sur une large partie du spectre accessible à Star’Ex. Dans ce cas, le grandissement de 1,6 est obtenu avec une distance lentille-détecteur de 80 mm, ce qui est relativement proche de la valeur nominale. Remarquez dans la photographie ci-après que j’ai logé le lentille dans le coulant de 50 mm après avoir réalisé une petite pièce d’adaptation en impression 3D (de l’intérêt de disposer d’une imprimante 3D !).

Lentille de Barlow Tele Vue 1,8x positionnée 80 mm en avant du plan de la fente de Star’Ex. 

Avec un télescope Newton de 200 mm f/5, cette disposition emmène la focale à 1600 mm, soit une ouverture de f/8, jugée comme un bon compromis entre la réduction (partielle) du vignetage interne dans Star’Ex et la perte de résolution induite par l’augmentation de la largeur de la fente. Une fente de 23 microns de large représente ici environ 3 secondes d’arc sur le ciel et une fente de 35 microns environ 4,5 secondes d’arc. On peut hésiter entre ces deux valeurs, la configuration avec une fente de 35 microns étant plus confortable lors de l’observation, car occasionnant moins de perte de flux, mais réduisant la résolution spectrale d’un facteur 23/35 =  0,66.


La largeur de la fente à l’entrée de Sol’Ex détermine le pouvoir de résolution spectral atteint (voir la section «Théorie»).  Mais c’est le seeing et la précision de guidage que permet votre monture qui va en fin de compte définir la largeur de la fente. Depuis un observatoire normal pour les amateurs, je recommande que la largeur angulaire de la fente sur le ciel soit comprise entre 3,0 et 4,5 secondes d’arc.


Compte tenu de la durée des temps de pose en spectrographie stellaire, pouvant atteindre 15 à 30 minutes sur des images individuelles, l’usage d’une caméra disposant d’un système de refroidissement du détecteur est vivement recommandé, voir ci-contre  l’usage d’une ASI183MM Pro.


On trouvera à la section «Construction» une revue de quelques caméras utilisables. Noter que ce n’est pas en soi le niveau du signal thermique qui est gérant, car celui-ci s’élimine par étalonnage, mais le bruit que ce signal thermique produit, qui lui ne peut pas être éliminé. On a cependant vu qu’il était parfaitement possible d’employer une caméra non refroidie dans la partie 3 de cette section, au minium pour s’initier.

Partie 6.3 : le choix du réseau

La conception de Sol’Ex / Star’Ex offre la possibilité du choix du réseau, ce qui multiplie considérablement les possibilités. Tout réseau de 25 x 25 mm x 6mm peut être employé tel quel (je recommande d’imprimer autant de supports réseau et de boîtes de rangement - voir à la section « Construction »). On trouvera à la section « Théorie » de quoi calculer la performance à attendre des réseaux disponibles.


On se procurera des réseaux compatibles auprès des sociétés ThorLabs ou Optometrix. Des commandes sont aussi possibles par l’intermédiaire de Shelyak Instruments, ce renseigner.


Un réseau se caractérise d’abord par la densité de gravure. Les valeurs standards sont 150, 300, 600, 1200, 1800, 2400 traits/mm. Plus la densité de gravure est forte, plus le réseau est dispersif. Pour certaines applications, on va chercher une faible dispersion par la force des choses, car l’objet à voir est de très faible éclats. On peut aussi souhaiter couvrir un large domaine spectral en une seule image.


Une autre caractéristique est la longueur d’onde de blaze. Suivant les paramètres de fabrication (forme des traits), le réseau peut concentrer préférentiellement la lumière dans une région spécifique du spectre. Pour les applications concernant la partie visible, la longueur d’onde de blaze est 500 nm. Mais on trouve aussi des réseaux dont le pic de performance ce situe à 300, 750 ou encore 1000 nm, par exemple. Ainsi, pour observer l’infrarouge (ce que Star’Ex sait très bien faire), on choisira un réseau blasé à 750 nm ou 1000 nm.


Voici par exemple des observations du spectre infrarouge d’étoiles obtenues avec Star’Ex à une longueur d’onde plus grande que 1 micron, ce qui est vraiment exceptionnel dans le monde amateur. On utilise ici un réseau faiblement dispersif (300 t/mm), blasé à 1000 nm. La configuration optique de Star’Ex est modifiée pour l’occasion : l’objectif de 125 mm est ici remplacé par un objectif de 80 mm de focale spécialement optimisé sur le plan optique pour réaliser des spectres de bonnes qualités de la région infrarouge du spectre (voir les parties suivantes).

Spectre infrarouge de l’étoile Véga réalisé  avec Star’Ex monté au foyer d’un petit télescope Newton 200 mm f/5. Le spectre montre la raie de l’hydrogène Pashen #8 à 10049 A, et surtout la raie Pashen #7 à 10938 A, ce qui est un probable record en astronomie amateur. Noter l’utilisation d’un réseau dont l’angle de blaze est optimisé pour 1 micron de longueur d’onde. La caméra est équipée d’un banal capteur CMOS (on est ici à l’extrême limite du domaine de sensibilité des détecteurs à technologie silicium).

Le spectre infrarouge de la nova Cas 2021. Toutes les raies de la série de Pashen sont en forte émission.

Star’Ex peut parfaitement servir à observer des objets non stellaires dès lors que l’on adapter bien la dispersion spectrale. On peut même s’attaquer à des objets extragalactiques, comme dans l’exemple suivant, avec pour cible la galaxie Messier 51 observée avec une lunette de 85 mm de diamètre seulement et un réseau de 300 traits/mm (le « redshift » de la galaxie peu être mesuré !) :


Notez comment le noyau de M51 a été positionné sur la fente pour capter le maximum de lumière. L’exemple à suivre concerne encore un objet non stellaire, la nébuleuse Messier 42 (nébuleuse d’Orion) en utilisant le même équipement (lunette de 85 mm) :


On voit la « tranche » de nébuleuse analysée dans l’image de la caméra de guidage, à gauche. A droite, le spectre montre de nombreuses raies d’émission, très fines. La forme de ces raies change en fonction de l’élément chimique, ce qui est à l’origine de la couleur à cet objet vue dans les photographies. 


On peut ainsi être conduit à utiliser des réseaux faiblement dispersifs en sacrifiant la résolution spectrale dès lors que l’on vise des objets de faible éclat..Pour les applications solaires (Sol’Ex), le réseau de 2400 t/mm est privilégié (mais aussi utilisable sur les étoiles, on a pu le constater à la partie 3). Pour le solaire encore, un réseau de 1200 t/mm peut aussi être intéressant, en particulier pour réaliser des images du Soleil dans la région ultraviolette, au niveau des raies H etK du Ca II (par rapport à un réseau de 2400 traits/mm, plus forte luminosité, résolution spectrale suffisante, bonne qualité image).


Par expérience, et cette remarque est important, si vous débutez en spectrographie stellaire, il faut privilégier la haute résolution spectrale. Ce n’est pas immédiatement intuitif, mais il est nettement plus facile d’exploiter et d’étalonner un spectre haute résolution qu’un spectre basse résolution. Sur le plan astrophysique, vous aurez aussi plus immédiatement des résultats (les spectres « bougent » plus vites en haute résolution qu’en basse !). Donc, pour vos premières armes avec Star’Ex, visez un réseau de 2400 traits/mm et/ou de 1200 traits/mm. 


Partie 6.4 : la configuration « 80 mm / 80 mm »

Il est facile relativement facile de convertir un instrument Sol’Ex en un instrument Star’Ex permettant d’observer les étoiles avec une haute résolution spectrale. Mais le projet Sol’Ex/Star’Ex offre des possibilités supplémentaires, en autorisant aussi l’observation à basse résolution spectrale. La contre-partie du passage de la haute à la basse résolution spectrale, est qu’il devient possible d’observer des objets d’éclats nettement plus faibles.


La configuration basse résolution spectrale de Star’Ex (Star’Ex LR, pour « Low Resolution ») ce distingue par le fait que l’objectif de caméra passe d’une longueur focale de 125 mm à une longueur focale de 80 mm. L’objectif collimateur est en revanche toujours le même, que vous utilisez un Sol’Es, un Star’Ex HR (Haute Résolution) ou encore un Star’Ex BR (Basse Résolution). On appelle souvent la configuration « basse résolution » de Star’Ex, « configuration 80 mm / 80 mm » car les objectifs collimateur et de caméra ont la même focale (mais ils sont différents sur le plan optique).


Il existe en fait deux versions de l’objectif de 80 mm que l’on place devant la caméra : l’un optimisé pour la partie visible du spectre (surement le plus couramment employé), l’autre optimisé pour la partie infrarouge du spectre (pour des travaux plus spécifiques). Consultez la page « Contacts » pour avoir une vision globale des ces diverses options.


La combinaison optique « 80 mm + 80 mm », ici avec un réseau de 300 traits/mm, une couverture spectrale allant de 390 nm à 750 nm et un faisceau d’entrée à f/8. 

Une interface caméra spécifique, supportant l’objectif optimisé de 80 mm et adaptée au système hélicoïdal ZWO, doit être réalisée. Elle est simple et fort voisine du « kit APN » décrit à la section «Construction», partie 4 (seule la bague de bloquage de l’objectif est ici légèrement plus fine). Vous pouvez télécharger les fichiers STL de cette cette interface de la configuration 80x80 en cliquant ici. Notez quelle est compatible avec l’emploi d’une caméra refroidie ZWO ASI183MM, ZWOASI1600MM… ou les équivalents QHY, par exemples.


Pour apprécier la performance de l’option « 80 mm / 80 mm » de Star’Ex, voici par exemple un spectre ultraviolet de l’étoile RS Oph (outburst) obtenu un télescope Newton de 200 mm à f/5 et un réseau de 2400 mm. La performance est telle qu’il est possible de détecteur une émission dans le coeur des raies H et K du Ca II :

Ci-dessous, avec la même configuration, le spectre ultraviolet de l’étoile Vega (temps de pose de seulement 28 secondes avec un Newton 200 mm f/5)  :

Nota :  en dessous de 3680 A, l’absorption des verres des objectififs devient trop sévère.


La partie bleue du spectre de l’étoile Deneb avec la configuration 80 mm / 80 mm et un réseau de 600 traits/mm (44 secondes pose) :

Ci-après , l’aspect du spectre solaire (lumière du jour) et de lampes à raies d’émission sous la forme d’images (dites 2D) réalisées avec la configuration « 80 mm / 80 mm)  :

De haut en bas, le spectre de la lumière du jour, le spectre de la lumière du jour à haut contraste (remarquer les raies H et K du Ca II à gauche et le spectre infrarouge à droite), le spectre d’une lampe néon, le spectre d’une lampe fluo-compact.

La vidéo suivante (cliquer sur l’image) explique comment monter la configuration 80 mm x 80 mm, puis comment l’utiliser sur un télescope, avec des exemples :

Pour plus d’informations sur la manière d’installer Star’Ex sur une configuration de télescope donné, cliquer ici.

Partie 7 : le filtre d’ordre

L’emploi de la version infrarouge de Star’Ex nécessite l’ajout d’un filtre d’ordre devant la fente d’entrée afin d’éliminer la partie bleue du spectre d’ordre 2 qui sinon recouvrerait la partie infrarouge à l’ordre 1 que l’on souhaite observer. 


Ce filtre d’ordre, de couleur orange et du type passe-haut, est fourni avec le kit optique Star’Ex basse résolution infrarouge (voir la partie « Contacts » de site). Vous pouvez télécharger les fichiers STL du porte-filtre (deux pièces) en cliquant ici. Le filtre peut être fixé dans son logement avec du ruban adhésif (du Kapton par exemple, idéal pour les pièces optiques).

A propos de l’importance du recouvrement d’ordre :

Il est possible d’observer la partie infrarouge du spectre avec un Star’Ex basse résolution « visible » en pivotant la roue supportant le réseau, en ajoutant le support porte filtre d’ordre décrit dans cette section et bien en disposant le filtre en question.


Malheureusement, le résultat obtenu ne sera pas optimal. L’idéal est de ce procurer l’extension infrarouge des kits Star’Ex, qui propose, outre le filtre d’ordre, un réseau à diffraction dont le rendement est maximal dans l’infrarouge et un objectif de caméra calculé pour obtenir un spectre bien net depuis 6200 A jusqu’à 10000 A. L’idéal est bien sûr de disposer de deux spectrographes couvant pour l’un le visible, pour l’autre l’infrarouge. Dans cette configuration, luxueuse il faut le reconnaître, il est recommandé d’utiliser systématiquement le support porte-filtre afin de garder le même point de focalisation du télescope si on est conduit à échanger les spectrographes (à gauche un Star’Ex «visible», à droite un Star’Ex «infrarouge») :

Partie 8 : le traitement des spectres

Le traitement des spectres consiste en des opérations classiques de retrait du signal thermique, de l’offset et de la division par le flat-field.  Viennent ensuite des taches propres à la spectrographie, comme les opérations de correction géométriques, d’extraction du profil spectral ou encore d’étalonnage en longueur d’onde et en flux relatif ou absolu.


Ces opérations, relativement nombreuses, sont facilitées par des logiciels comme VisualSpec, i-Spec ou encore ISIS. Mais, dans le contexte  du projet Sol’Ex/Star’Ex, et aussi son esprit, un logiciel de traitement a aussi été créée, il s’agit de specINTI, et de son interface graphique specINTI Editor. Il est libre de droit, écrit en langage Python et peut fonctionner sous Windows ou encore Mac OS X.


Pour télécharger specINTI et consulter la documentation, accompagnée par de nombreux exemples, cliquez ici. N’hésitez pas à fouiller et à expérimenter par vous même.

Partie 9 : Lab’Ex

Si Sol’Ex et Star’Ex permettent d’observer le Soleil et les étoiles, ces instruments peuvent êtres utilisés pour bien d’autres application. L’extension Lab’Ex, pour « Laboratory Explorer », a par exemple été imaginé pour mesurer la transmission optique de filtres, de liquides… Il s’agit d’un vrai instrument de laboratoire à bas coût pour réaliser des mesures scientifiques et techniques dans des domaines très divers.


Ce banc de mesure qui peut se décliné sous diverses formes. L’une des plus complète est surement la version de Olivier Garde. Tous les détails pour la construction sont donnés ici :

Cliquez ici pour consulter une forme simplifiée de Lab’Ex :

Sur cette même page vous allez trouver des informations sur la manière d’utiliser le logiciel specINTI de manière simple pour ces applications de laboratoire, avec aussi de nombreux exemples.

Partie 10 : comment vite transformer Sol’Ex en un spectrographe stellaire

Si vous disposez d’un Sol’Ex et si vous avez la curiosité de voir ce que donne cet équipement en spectrographie stellaire, sans le moindre surcoût, même si vous ne disposez pas d’une caméra refroidie alors :


1 - Remplacez la fente actuelle de 10 microns de large sur verre, avec son support incliné, par une fente bien plus rudimentaire de 2 mm de large à imprimer en 3D (ou bricoler). Il n’y a que deux vis à retirer et vous ne modifiez aucun réglage. La nouvelle fente, dite « large », peut être réalisé en imprimant les deux petites pièces définie par des fichiers STL que l’on peut télécharger ici. Voici l’aspect de ces deux pièces :

2 - Visionnez cette vidéo Youtube (cliquez sur l’image) :

Partie 11 : pour bien débuter avec Star’Ex

Je vous propose en premier une vidéo en deux parties qui introduit l’utilisation de specINTI Editor en s’appuyant sur des observations réalisées avec une lunette de 100 mm de diamètre en haute-résolution spectrale :

Vidéo #1 - le jour : cliquez sur la vignette

Vidéo #2 - la nuit : cliquez sur la vignette

En bonus : comment capturer le spectre des étoiles en pleine journée

Voir aussi la présentation faite lors de l’atelier Sol’Ex du 21 janvier 2022, avec plein de conseils : bien_débuter_avec_starex.pdf


Ainsi que la vidéo complète de cet atelier, à visionner en cliquant sur l’image ci-après :

Sol’Ex / Star’Ex est un projet vivant qui suscite nombres d’échanges et aussi des évolutions (ne pas hésiter à s’abonner à la liste de discussion Sol’Ex ou encre à la page Facebook du projet - voir à la page Contacts de se site) . L’un des sujets évoqué concerne la stabilité d’ensemble de Star’Ex car pour observer les étoiles on lui adjoint des caméras assez lourdes (des modèles où le détecteur est refroidi par effet Peltier). La conséquence est la présence de flexions mécaniques, variables en fonction de la direction de visée du télescope sur la voute céleste. Ces flexions différentielles sont est notamment à l’origine d’erreurs d’étalonnage spectral. Dans les vidéos précédente, il est évoqué une technique, efficace, pour gommer une bonne partie du problème. Cependant, il s’avère possible d’accroître à la base  la rigidité d’ensemble de Star’EX au prix d’un petit effort, et il serait dommage de passer à coté. Je vous suggère de visionner la vidéo ci-après pour juger de quoi il retourne et comment accroitre facilement et efficacement la rigidité de votre Star ‘Ex :

Pour télécharger les STL de ce raidisseur (brides + collier), adapté à la configuration 80 x 125 mm + ASI183MM pro décrite dans la vidéo, cliquer ici.

Pour télécharger les STL de ce raidisseur (brides + collier), adapté à la configuration 80 x 80 mm + ASI183MM pro, cliquer ici.

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